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samedi 11 août 2012

Les plus grands scandales de la politique québécoise



Quand une paire de culottes fait tomber un gouvernement

Premier ministre du Québec de 1920 à 1936, Louis-Alexandre Taschereau est éclaboussé par un scandale impliquant favoritisme et détournement des fonds publics. La controverse éclate en 1936 lors des audiences du Comité des comptes publics.
Maurice Duplessis y dénonce publiquement la corruption du gouvernement libéral. Un ancien ministre, Irénée Vautrin, a subtilisé des fonds à son ministère pour des dépenses personnelles... notamment des pantalons. Duplessis parlera des «culottes à Vautrin».
Sans compter que le frère du premier ministre, Antoine Taschereau, a déposé 75 000$ du trésor provincial à la Banque Canadienne Nationale de Saint-Pacôme pour encourager son fils qui y est gérant et a gardé les 10 000$ d'intérêts. Louis-Alexandre Taschereau démissionne le 11 juin 1936.




Le trafic d'influence de Duplessis
Chef de l'Union nationale, parti conservateur et nationaliste aujourd'hui disparu, Maurice Duplessis est le premier ministre qui est resté le plus longtemps au pouvoir dans l'histoire du Québec. Il fut d'abord élu de 1936 à 1939, puis à nouveau en 1944, jusqu'à sa mort en 1959. Il est aussi sans doute le PM le plus controversé de l'histoire.
Son règne a été entaché par la corruption, dont «l'achat de votes», qui a certainement permis au gouvernement de rester en poste aussi longtemps. À chaque élection, ministres et députés distribuent des enveloppes pour convaincre ceux qui hésitent à voter pour Duplessis. Ceux qui votent «du bon bord» verront écoles, ponts et routes pousser dans leurs circonscriptions, mais ceux qui s'opposent au régime sont punis. De plus, tous les contrats donnés par le gouvernement à une entreprise sont soumis à une «taxe» qui va dans les coffres du parti.

Par contre, Duplessis ne s'est jamais enrichi personnellement de ces manœuvres et meurt endetté.




La grève d'Asbestos
La grève de l'amiante a été un des conflits de travail les plus violents de l'histoire du Québec. Elle est aussi considérée comme un des balbutiements de la Révolution tranquille.
Les mineurs d'Asbestos et de Thetford Mines, majoritairement francophones, entrent en grève durant l'hiver 1949. Ils demandent entre autres à leur patron (anglophone) un meilleur salaire et l'élimination de la poussière d'amiante dans les usines.

Les grèves sont très rares, et toujours déclarées illégales au Québec, alors dirigé par Maurice Duplessis, allergique aux socialistes. L'Église catholique, traditionnellement du côté de Duplessis, prend position pour les travailleurs, ce qui crée un grand impact au sein de la population. Des briseurs de grève sont engagés, et les violences éclatent entre grévistes, scabs et la police. Le tout se termine alors que la police provinciale menace de faire feu sur les grévistes, qui assiègent la mine. Un règlement, avec une mince augmentation de salaire, est finalement adopté quelques mois plus tard.




L'Affaire des Yvettes
Durant la campagne du référendum de 1980, Lise Payette, alors ministre sous René Lévesque, provoque un tollé en faisant une déclaration controversée sur les femmes qui appuient le fédéralisme canadien. Elle compare celles qui sont pour le clan du NON à des «Yvettes», faisant référence à la Yvette des manuels scolaires de l'époque, qui restait à la maison pour faire la vaisselle et le ménage.
Elle a affirmé, en parlant de Claude Ryan: «C'est justement le genre d'homme que je hais... des Yvettes, oui, il va vouloir qu'il y en ait plein le Québec... il est marié avec une Yvette.»

Mais Madeleine Ryan est une femme au foyer, comme des milliers de Québécoises, qui avalent de travers la déclaration de Lise Payette. Il n'en fallait pas plus pour que la femme de Ryan organise un rassemblement de Yvettes au Château Frontenac, qui attire 1700 personnes. Une «assemblée de Yvettes» est aussi organisée pour appuyer le camp du NON, qui remporte finalement la victoire au référendum.




Jacques Parizeau est passé à l'histoire, mais peut-être pas pour les raisons qu'il aurait souhaitées lors de la soirée référendaire du 30 octobre 1995.
Le OUI perd par une mince marge de 1%, mais les francophones ont voté OUI à 60%, ce qui lui fait dire: «Nous on a quand même réussi à indiquer clairement ce qu'on voulait. On a raté par une petite marge... [...] C'est vrai qu'on a été battus au fond par quoi? L'argent et les votes ethniques. Alors, ça veut dire que, la prochaine fois, au lieu d'être 60 ou 61 % à voter «Oui», on sera 63 ou 64 % et ça suffira.»

Ces propos furent très critiqués et Parizeau avoua plus tard qu'ils étaient «malheureux». Il démissionna le lendemain du référendum, ce qu'il avait promis de faire si le NON l'emportait.




L'attribution de places en garderie
Deux ministres de la Famille du gouvernement libéral de Jean Charest, Tony Tomassi et Michelle Courchesne, ont été impliqués dans une affaire d'attribution des places en garderie qui a fait grand bruit au Québec. Alors qu'elle était ministre de la Famille en 2008, Mme Courchesne aurait manqué de rigueur et «laissé une grande place à la subjectivité» pour attribuer 18 000 places en garderie, selon le rapport percutant déposé par le vérificateur général, Renaud Lachance, en 2011. Au coeur du scandale, 85 projets, rejetés par les fonctionnaires du Ministère, mais tout de même choisis par Mme Courchesne.
Parmi eux, la ministre a attribué 130 places à Joe Magri, un ami d'enfance de Tony Tomassi. Mme Courchesne s'est défendue d'avoir fait du favoritisme, mais a reconnu que le processus suivi en 2008 n'était pas «une bonne façon de faire».




L'industrie de la «corruption»
En 2009, l'industrie de la construction se retrouve sous les projecteurs. Des allégations de corruption, collusions, appels d'offres truqués et de pots-de-vin dans la région de Montréal commencent à circuler dans les médias, et la police ouvre plusieurs enquêtes. Les partis d'opposition et plusieurs groupes sociaux, dont les policiers et les procureurs, demandent au gouvernement libéral de lancer une commission d'enquête publique.
Jean Charest refuse systématiquement et préfère créer l'escouade Marteau à l'automne 2009, qui a comme mandat d'enquêter sur des questions de corruption et de malversation. En septembre 2011, l'Unité permanente anticollusion dépose un rapport qui suggère l'existence d'un univers clandestin mafieux, bien implanté dans le milieu de la construction, ainsi qu'un lien entre l'industrie et le financement occulte des partis politiques.

Cédant à la pression sociale, Jean Charest finit par lancer la commission Charbonneau en octobre 2011. Les audiences publiques reprendront le 17 septembre.

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