10 septembre 2012 15:10
À peine sorti des élections et de l'effroi de l'attentat du Métropolis, il
est déjà l'heure pour Pauline Marois de se frotter à la réalité d'un résultat
bancale et insuffisant pour tenter de gouverner. Je dis bien ici de gouverner et
non pas de simplement gérer l'immobilité, comme le voudrait pourtant la position
minoritaire qui est celle du PQ.
Si elle gouverne, c'est-à-dire si elle concrétise ses annonces, elle pourra
tout au moins compter sur l'appui de ceux qui l'ont élu et son opposition saura
quant à elle pourquoi elle ne peut la souffrir. Mais si, de gré ou de force,
elle penche pour une certaine forme d'immobilisme, concrétisant ainsi ses
propres déclarations (« Si le PQ est minoritaire j'aurai les mains liées »)
c'est de toute part que sa popularité descendra en chute libre.
En d'autres termes, on lui souhaite d'avoir des talents d'équilibriste car le
chemin est étroit. D'autant qu'au moindre signe de fléchissement, elle se
retrouvera très rapidement à devoir combattre le spectre de Jean Charest, qui
peut jouer facilement le scénario de la reconquête du pouvoir.
Après 9 ans au pouvoir, il est passé de « Jean Charest Begins » au « Dark
Jean Charest », mais en se faisant discret quelques temps, il pourrait boucler
la trilogie : « Jean Charest Rises ».
Impossible à réaliser si on ne s'appelle pas Batman? Même si l'exercice a ses
limites, il convient ici de comparer la situation politique avec ce que connait
actuellement la France.
Un président de droite libérale, usé par le pouvoir et l'impopularité,
concède une défaite, mais pas une déroute au profit d'un candidat de la gauche
dont personne n'attendait grand-chose. En à peine quatre mois de silence,
Nicolas Sarkozy a réussi à remettre son nom sur toutes les lèvres de la droite
et de ses lieutenants qui se battent maintenant pour sa succession à la tête du
parti. Encore un peu de silence et ce sera l'électorat populaire, qui lui a fait
défaut dans la dernière élection, qui pourrait bien être pris de nostalgie
sarkozyste.
Car c'est le propre d'une certaine forme de rajeunissement de la classe
politique dans nos démocraties occidentales, le spectre du défunt reste présent
longtemps. Il reste d'abord silencieux puis ne tarde pas à confier son point de
vue dans quelques entrevues choisies. Il suffit alors d'adopter un ton
magnanime, de consentir que la tâche de son successeur n'est pas aisée et on se
fabrique rapidement une allure de grand rassembleur de la nation. Sarkozy avait
tenté ce revirement à l'intérieur même de son mandat, confiant à qui voulait
l'entendre qu'il « avait changé », mais le stratagème n'avait pas pris. En
goûtant à la défaite durant ces moments que son entourage n'hésitera pas à
qualifier de « difficiles », voire de « sombres », le même scénario pourrait
cette fois rencontrer un franc succès.
Pour éviter ce qui pourrait être la chronique d'un retour annoncé, Pauline
Marois devra laisser le moins de place possible à cette possibilité. Tout
commence par ne pas décevoir le tiers des Québécois qui lui ont accordé leur
vote. Dans un contexte où la stabilité n'est toujours pas d'actualité, ses
premières mesures seront cruciales pour donner le ton et savoir si ce
gouvernement à une chance de résister quelques temps.
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