Rien n’est gratuit. Et encore moins sur le web, où le fait qu’il n’en coûte rien pour utiliser un service ne signifie qu’une chose : vous êtes le produit.
On le sait, nos moindres faits et gestes sont
analysés par les Google, Facebook et consorts dans leur quête de croissance et
de profit. Les masses d'informations dont la Toile regorge représentent une
ressource en or. Certains avancent même que les données numériques sont le pétrole
du XXIe siècle. Mais désormais, Big Brother ne se contente plus de générer des
milliards de dollars grâce à notre activité en ligne. Il est aussi au service
des policiers.
On apprenait en effet ce jeudi par l’entremise de
Reuters que Facebook a développé des logiciels de surveillance
à la recherche d’activités criminelles. Les messages privés comme le reste sont passés au crible sans que
ce système soit mentionné nulle part.
Le responsable de la sécurité pour l’entreprise de Mark Zuckerberg, Joe Sullivan, se fait rassurant. Ce sont des algorithmes et non des humains qui font le boulot, assure-t-il, et ce n’est qu’en cas de détection de comportements suspects comme la pédophilie ou le harcèlement qu’un employé lira vos messages.
C’est loin d’être la première fois que le géant de
Silicon Valley dissimule certaines de ses pratiques. Au Canada, l’entreprise a
été sévèrement blâmée à l’été 2009 dans un rapport de la commissaire à la vie
privée, Jennifer Stoddart. Celle-ci y soulevait plusieurs problèmes, dont la
divulgation de renseignements personnels, le manque de transparence et la
conservation de documents. D’autres plaintes ont depuis été déposées.
Avec la place qu’occupe ce réseau social dans nos vies ainsi que dans celles de nos enfants, personne ne se plaindra d’un certain type de surveillance visant à y contrer les prédateurs et autres dangers publics. C’est plutôt la culture du secret qui est préoccupante, justement parce que le site est si présent dans notre quotidien.
***
Plus localement, une histoire similaire est rapportée par La Presse en ce
vendredi 13. Le journaliste Alain McKenna nous y apprend que la Sûreté du Québec
rend maintenant visite à des internautes soupçonnés « d'incitation à la
désobéissance civile ».
Patricia Paquette, une femme de 35 ans qui vit à Joliette, a récemment reçu des menaces de la part de deux enquêteurs. Souhaitant obtenir des informations sur un collègue de la dame, les agents de la police provinciale s’appuyaient, pour faire parler Mme Paquette, sur le fait qu’elle ait déjà relayé (retweeté) des messages de la nébuleuse Anonymous. «Une série de tweets que j'ai faits il y a environ un mois et demi les intéressait tout particulièrement. Ils m'ont expliqué que c'était à la limite de l'encouragement à la désobéissance civile et m'ont même montré la loi qui indique ce que ça signifie. Ils m'ont ensuite dit que la prochaine fois que je publierai des billets de ce genre sur Twitter, ce serait à un juge que je parlerais», a-t-elle confié à McKenna.
Il est clair que Patricia Paquette ne sera jamais inquiétée par ces « accusations ». La porte est par contre grande ouverte pour que, tôt ou tard, quelqu’un le soit. Imaginez un instant que, sans crier gare, Facebook élargisse ce qui est considéré comme un comportement illégal pour y ajouter la désobéissance civile. Dans le contexte de la grève étudiante, combien de Québécois auraient ainsi été balancés aux flics par le réseau social?
Certes, être soi-même un produit ne comporte pas que des avantages. Mais quand certaines pratiques des sites qui nous monnayent ne se retrouvent même pas dans les proverbiaux petits caractères, on se doit de douter. À tout le moins.
Crédit Photo : AFP
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