Mis à jour le: 21 juin 2012 05:36
Des employés, des proches et des ex-employés des cinq principales firmes de
génie-conseil du Québec, soit SNC-Lavalin, Dessau, Genivar, BPR et Cima+, ont
donné près de 5 millions de dollars au Parti libéral du Québec (PLQ) et au Parti
québécois (PQ) entre 2001 et 2010.
Le PLQ a récolté la part du lion, soit près de 62 % des contributions
politiques, contre 34 % pour le PQ, l'Action démocratique du Québec (ADQ)
recevant pour sa part un maigre 212 000 $ durant cette période.
Les employés, proches et ex-employés de SNC et CIMA+ sont de loin les plus
grands contributeurs aux partis politiques tandis qu'en pourcentage, ceux de
Genivar sont, de toutes les firmes, ceux qui ont le plus contribué à la caisse
du Parti libéral, selon les données obtenues auprès de l'Association
professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec.
En septembre 2011, Radio-Canada avait diffusé une première compilation pour
SNC et CIMA+ pour la période de 2000 à 2009 pour le PLQ et le PQ seulement.
Des lois qui risquent de changer le portrait
Selon les lois québécoises en vigueur, seuls les particuliers sont autorisés
à contribuer au financement des partis politiques. Par ailleurs, depuis le 1er
janvier 2011, à la suite de modifications législatives, un citoyen du Québec ne
peut donner plus de 1000 $ par année contre 3000 $ auparavant.
Et désormais, toute personne donnant plus de 100 $ à un parti doit signer une
déclaration indiquant que sa contribution, faite « à même ses propres biens »,
est volontaire et qu'elle ne sera donc pas remboursée ou compensée par qui que
ce soit.
L'objectif de la loi est particulièrement de prévenir la pratique identifiée
comme étant celle des « prête-noms », qui permet par exemple à une entreprise
n'ayant pas le droit de verser une contribution politique, de le faire de façon
détournée en remboursant les contributions de certains de ses employés.
- Extrait du site du DGEQ
Le don, qui ne peut alors être fait que par chèque ou carte de crédit, est
acheminé au Directeur général des élections qui le remettra par la suite au
parti.
Selon les rapports financiers des partis, rendus publics cette semaine par le
Directeur général des élections, en 2011, quelque 43 500 donateurs ont versé
plus de 7,5 millions de dollars. Les contributions aux partis ont diminué de
15,2 % par rapport à l'année 2010.
L'éclairage de la commission Charbonneau
La Commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans
l'industrie de la construction qui a récemment commencé ses travaux a notamment
pour mandat de déterminer s'il existe un lien entre l'octroi de tels contrats et
le financement des partis politiques.
Les grandes centrales syndicales, le patronat, l'Ordre des ingénieurs, les
municipalités, les policiers de Montréal, l'ex-ADQ, la CAQ, le Parti québécois
et Québec solidaire sont au nombre de ceux qui ont réclamé la tenue de cette
enquête publique.
Le gouvernement libéral a d'abord privilégié l'approche policière avec
l'escouade Marteau, de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) et de l'Unité
anticollusion du ministère des Transports du Québec (maintenant intégré à
l'UPAC) avant de mettre sur pied la Commission Charbonneau.
Selon Québec solidaire, qui a rendu publiques en mai dernier ses propres
recherches sur les dons aux partis politiques, la pratique des prête-noms serait
très répandue tant chez les entreprises du milieu de la construction que chez
les cabinets d'avocat, en plus des firmes de génie-conseil.
Un texte de Bernard Leduc
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