Mis à jour le: 18 juin 2012 04:53
Après avoir exprimé des inquiétudes le mois dernier, l'ONU a encore une fois
critiqué l'adoption par l'Assemblée nationale du Québec de la loi spéciale 78 et
son encadrement strict du droit de manifester.
« Les mesures visant à restreindre la liberté de réunion dans de nombreuses
parties du monde sont alarmantes », a déclaré la haute-commissaire aux droits de
l'homme de l'ONU, Navi Pillay, à l'ouverture de la 20e session du Conseil des
droits de l'homme, à Genève, lundi matin.
« Dans le cadre de manifestations étudiantes, je suis déçue par la nouvelle
législation adoptée au Québec qui restreint les droits à la liberté
d'association et de réunion pacifique », a-t-elle poursuivi.
Dans son discours, Mme Pillay a également cité d'autres pays fautifs, dont le
Mali, le Népal, le Mexique et la Russie. La haute-commissaire a également accusé
l'Érythrée d'actes de torture et d'exécutions sommaires, et exigé des comptes
aux responsables des violences en Syrie.
Une prise de position critiquée
UN Watch, un organisme de surveillance de l'ONU, a pour sa part qualifié cette référence au Québec d'« absurde », soulignant que la loi 78 a été adoptée par un gouvernement démocratiquement élu et que ses adversaires peuvent la contester devant les tribunaux.
Le mois dernier, des associations étudiantes, syndicales, communautaires et environnementales du Québec ont déposé deux requêtes visant à contester la loi spéciale 78 au palais de justice de Montréal.
Selon l'avocat Hillel Neuer, directeur général de UN Watch, la loi 78 ne devrait pas représenter un dossier urgent pour l'ONU.
« Gardons une certaine perspective, affirme-t-il. En Syrie, des personnes manifestent et sont tuées. Au Canada, la législation requiert que les manifestants donnent un préavis et remettent un itinéraire aux policiers ».
UN Watch souligne également que la commissaire Navi Pillay a omis de mentionner des pays où les droits de l'homme sont bien plus brimés, comme le Bélarus, l'Arabie saoudite, l'Iran ou la Chine.
Abondant dans le même sens, un porte-parole du ministre canadien des Affaires étrangères John Baird a déclaré lundi que le gouvernement croyait au droit du Québec de passer ses propres lois.
« Le Canada, y compris le Québec, a de solides systèmes juridiques par lesquels les citoyens peuvent contester les lois votées par leurs assemblées élues », a fait savoir Joseph Lavoie dans un communiqué.
« Nous trouvons étrange que, dans sa déclaration d'aujourd'hui, le Haut-Commissariat des Nations unies sur les droits de l'homme [fait une telle référence au Québec] tout en ignorant complètement les graves violations des droits de l'homme en Iran, en Biélorussie et au Sri Lanka », ajoute-t-il.
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