Par Fannie Olivier, La Presse
Canadienne, thecanadianpress.com, Mis à jour le:
21 juin 2012 09:58
OTTAWA - Les députés quittent le Parlement pour leur pause estivale, laissant
toute la place aux touristes et curieux dans la capitale fédérale.
Ils ont ramassé leurs dossiers, défait leur noeud de cravate, enfilé des
chaussures confortables, et sous le soleil cuisant d'Ottawa, se sont dit au
revoir jusqu'en septembre prochain.
Mais avant les vacances, le premier ministre et le chef de l'opposition n'ont
pas manqué, jeudi, de croiser le fer une dernière fois, sur un ton acerbe bien
représentatif de l'ensemble de la session parlementaire.
«Ce printemps, nous avons vu les conservateurs abandonner les principes
qu'ils prétendent être venus défendre à Ottawa», a lancé le chef néo-démocrate
Thomas Mulcair.
«Enfoncer dans la gorge leur loi sur le budget cheval de Troie, (...),
traiter les députés d'arrière-ban comme des pions, fermer les débats un nombre
de fois record, fraude électorale, caisses occultes et, évidemment, des
ministres qui parcourent le monde dans des hôtels de luxe avec des trajets en
limousine à 23 000 $ payés à même l'argent des contribuables», a-t-il
énuméré.
Mais pour Stephen Harper, c'était plutôt le Nouveau Parti démocratique (NPD)
qui devait faire un examen de conscience.
«Nous avons eu l'une des périodes législatives les plus productives. Et les
membres du NPD, en décidant de s'opposer à tout et faire de l'obstruction sur
tout, se sont avérés être l'opposition avec le moins d'influence en termes
d'agenda législatif de toute l'histoire du Parlement», a répliqué le premier
ministre.
Avec la fin de la session parlementaire, l'heure des bilans a sonné et les
partis se sont succédé devant les micros au cours de la journée pour donner leur
version des derniers mois passés aux Communes.
Selon le ministre conservateur Steven Blaney, le printemps se résume de cette
façon: «les Canadiens ont gagné, les néo-démocrates ont perdu». Les troupes de
Thomas Mulcair «boudent et font obstruction» aux politiques qui ont pourtant
pour effet de créer de l'emploi et de la croissance économique, à son avis.
Son collègue, le leader parlementaire Peter Van Loan, a affirmé que le Canada
demeurait un îlot de stabilité grâce aux politiques conservatrices, alors que
l'Europe et les États-Unis connaissent d'importantes difficultés
économiques.
«Alors que plusieurs endroits dans le monde font face à une paralysie
politique et des bouleversements économiques, nous nous sommes assurés que des
décisions et des actions soient prises», a signalé M. Van Loan. Il s'est
félicité pour la volumineuse loi C-38 de mise en oeuvre du budget, mais aussi
pour sa législation en matière de droit d'auteur et de criminalité,
notamment.
Pour le leader néo-démocrate toutefois, les conservateurs n'ont pas atteint
leur but avec leur loi «mammouth». M. Mulcair prétend que l'objectif du
gouvernement était de tenter de passer en douce une panoplie de mesures
controversées. Or, l'opposition est parvenue à attirer l'attention des Canadiens
sur ces législations par des coups d'éclat, a-t-il fait valoir.
«On a mis un énorme cercle autour de la tache. Le public canadien, les
électeurs, savent ce qu'ils ont tenté de faire, c'est-à-dire de passer ça en
douce, dans un cheval de Troie législatif. Et on a réussi à les démasquer
là-dessus», a-t-il dit.
Le chef libéral intérimaire Bob Rae croit pour sa part que les électeurs se
souviendront de C-38 lorsqu'il sera le temps de retourner aux urnes,
particulièrement parce que ses effets auront eu le temps de se faire sentir.
«Je crois que la substance, sur l'environnement, les pêcheries,
l'assurance-chômage, va avoir un effet. Les impacts seront plus clairs, même
plus forts que maintenant dans trois ans», a-t-il noté.
Le député bloquiste André Bellavance estime d'ailleurs que les victimes de
C-38 et du modus operandi du gouvernement sont légion. «On a vu tout le monde
qui a payé le prix: les scientifiques, les environnementalistes, les syndicats.
Tout le monde qui ose se mettre sur son chemin», a-t-il dit.
Les députés reviendront à la Chambre des communes le 17 septembre.
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