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lundi 20 août 2012

Débat des chefs : l'épreuve des faits

Par Laila Maalouf, www.radio-canada.ca, Mis à jour le: 20 août 2012 02:16
 
Les chefs ont lancé de nombreuses affirmations pour appuyer leurs propos au cours du débat de dimanche soir. Ont-ils toujours raison? Nous avons cherché à en savoir plus sur quelques thèmes abordés durant la soirée.
Performance économique
« Vous ne me direz pas que le Québec n'a pas eu une bonne performance, on a fait mieux que la moyenne canadienne, mieux que l'Ontario, mieux que les États-Unis », a lancé Jean Charest durant la première partie du débat sur l'économie.
Le Québec a bel et bien eu moins de difficulté que ses voisins à traverser la crise économique, mais sa croissance s'est ralentie au cours de la dernière année. Elle oscille autour de 1,1 %, soit la moitié du rendement canadien.




Redevances minières
« Secor a fait la démonstration que ce que nous voulions demander aux minières était ce qui allait donner le meilleur résultat », a affirmé Pauline Marois.
Le Parti québécois propose d'imposer aux minières une redevance de 5 % sur le volume brut du minerai extrait du sol québécois, à laquelle s'ajouterait une taxe de 30 % sur les profits de plus de 8 %.
Dans une étude publiée en juillet 2012, la firme KPMG-Secor montre en effet que le système de redevances du PQ rapporterait plus au gouvernement que celui des libéraux. Elle ne considère pas nécessairement que ce modèle est meilleur, d'importantes redevances pouvant faire fuir les minières.
Le modèle de Québec solidaire, qui propose un taux de redevances de 10 %, n'a pas été pris en compte par les auteurs de l'étude. Il permettrait toutefois au gouvernement d'empocher des sommes plus importantes dans le cas des minières qui génèrent des profits des moins élevés.
En mars 2010, le Parti libéral a modifié le taux de redevances minières, le faisant passer de 12 % à 16 %. La Coalition avenir Québec ne propose aucune modification à ce régime.
Santé
Pauline Marois a accusé François Legault de changer d'idée, notamment en ce qui concerne la contribution santé de 200 $ instaurée par le gouvernement. « Il y a quelques semaines, vous avez dit que c'était complètement irresponsable que d'abolir la taxe santé. Tout d'un coup, pensé magique, on va abolir la taxe santé », a déclaré Mme Marois.
La CAQ propose en effet d'abolir la taxe santé, mais uniquement pour les familles dont les revenus ne dépassent pas 100 000 $. En mars dernier, François Legault avait d'ailleurs souhaité que la contribution santé soit modulée en fonction des revenus des contribuables.
En ce qui concerne sa promesse de donner un médecin de famille à chaque Québécois dans les 12 prochains mois, il faut noter que l'accès à un médecin dans sa région est possible par l'entremise du réseau des Centres de santé et de services sociaux (CSSS) du Québec. Il est donc possible pour chaque Québécois d'obtenir une place sur la liste d'un omnipraticien, sans toutefois lui garantir un rendez-vous.
Le ministère de la Santé estime qu'il manque 250 omnipraticiens à Montréal et plus de 1000 dans l'ensemble du Québec. Cette année, 150 omnipraticiens se sont ajoutés au réseau.

Pauline Marois disait vrai, par ailleurs, en affirmant que les Québécois attendent une heure de plus dans les urgences qu'il y a 10 ans. L'attente est en moyenne de 17 h 12, alors qu'elle était de 16 h 12 en 2002-2003.
Privatisation du réseau de santé
« M. Charest, vous ne vous en tirerez pas à si bon compte. Depuis que vous êtes premier ministre du Québec, la privatisation s'est installée en douce dans le système de santé », a déclaré Mme David.
La part des dépenses privées dans les dépenses de santé au Québec est toutefois restée stable au cours des 10 dernières années, n'augmentant que de 1 % :
  • 29 % en 2002
  • 28 % en 2009
  • 30 % en 2011 (données préliminaires)
Financement des partis et corruption
« M. Legault a remis en question ce soir le financement du PQ du temps qu'il était là. Je pense que ça, il ne faut pas laisser passer ça sous silence. Et je vous répète, Mme Marois, il y en a un cas de corruption qui a été relevé par une commission d'enquête qui s'appelle la commission Moisan, qui a établi que quand vous étiez au PQ - parce que vous avez raison M. Legault, quand vous étiez au PQ il y avait un échange de contrats en fonction des dons au parti », a lancé M. Charest.
Mme Marois a immédiatement répliqué en disant que c'était faux, bien que le rapport de la commission Moisan ait prouvé le contraire.
Voici ce que Me Jean Moisan a conclu dans son rapport de juin 2006 :
  • Par l'entremise de dons ou d'achat de billets par ses employés, Groupaction a versé des contributions au Parti québécois, à hauteur de 96 400 $;
  • Le parti connaissait cette situation et il fermait les yeux;
  • Par l'entremise de dons ou d'achat de billets par ses employés, Groupaction a versé des contributions au Parti libéral du Québec, à hauteur de 8325 $;
  • Rien ne permet d'établir que le parti connaissait cette situation;
  • Rien ne permet d'établir que Groupaction a versé une somme de 50 000 $ au Parti libéral du Québec ou à la campagne électorale du candidat Jean Charest dans la circonscription de Sherbrooke, à l'automne 1998.
Rayonnement du Québec
« Il y a eu une augmentation du nombre de sièges sociaux la dernière fois que l'on a regardé au Québec », a soutenu M. Charest.
Le nombre de sièges sociaux a toutefois diminué depuis 20 ans à Montréal, la métropole ayant perdu 15 sièges au cours de cette période.
L'Institut des administrateurs de sociétés (IAS) révélait par ailleurs, en septembre 2011, que le Québec a perdu 25 % de ses sièges sociaux au cours de la dernière décennie.
Langue française
« Comment se fait-il, M. Charest, que vous laissez des commerces à Montréal où on ne peut pas se faire servir en français? », a demandé M. Legault. M. Charest a répondu qu'il était possible de se faire servir en français dans « au-delà de 90 % des commerces ».
L'Office québécois de la langue française (OQLF) rapportait, en juin dernier, que les commerçants du centre-ville de Montréal ont accueilli ses observateurs en français dans une proportion de 74 % (contre 89 % en 2010). La présidente de l'OQLF, Louise Marchand, avait précisé que les clients pouvaient toutefois se faire servir en français dans 95 % des cas, l'accueil bilingue ayant grimpé de 1 % à 13 % en deux ans.
En ce qui concerne l'affichage du nom d'entreprise, il était conforme en 2012 à la Charte de la langue française dans 82 % des commerces. Il s'agit d'un léger progrès comparativement aux 77 % observés en 2010.
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