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mercredi 8 août 2012

Élections Québec 2012 - Interruption d'une filature : Jean Charest nie toute intervention

Par Sophie-Hélène Lebeuf, www.radio-canada.ca, Mis à jour le: 8 août 2012 08:39
 
Le premier ministre du Québec, Jean Charest, nie catégoriquement être intervenu pour faire arrêter une filature impliquant un ancien dirigeant de la FTQ-Construction, Eddy Brandone.
Le chef libéral, visiblement outré, a livré ces commentaires à Saint-Léonard-d'Aston, dans le Centre-du-Québec, mercredi soir, deux heures après la diffusion d'un reportage de Radio-Canada sur l'interruption de la filature policière dont faisait l'objet Eddy Brandone, après que celui-ci fut entré en contact avec M. Charest.
« Jamais, jamais, jamais, je ne suis intervenu, jamais », a-t-il martelé, ajoutant qu'il n'était même pas au courant de la filature en question.
« Au surcroît, a-t-il ajouté, je trouve ça insultant pour la Sûreté du Québec d'insinuer qu'une décision aurait été prise parce que cette personne-là m'aurait croisé cette journée-là. »




Même s'il a dit ne pas se souvenir de la conversation qu'il avait eue avec Eddy Brandone, Jean Charest a assuré qu'ils n'avaient pas discuté de dossiers de fond.
Interrogé sur la nature de leur relation, il a expliqué avoir rencontré Eddy Brandone en 1993, lorsque ce dernier avait appuyé sa candidature dans la course à la direction du Parti conservateur du Canada, et l'avoir croisé par la suite lors d'événements politiques.
Jean Charest a affirmé qu'il avait de bonnes raisons pour se souvenir de lui. « Quand il se présente, il se présente toujours comme un syndicaliste et chez nous, au Parti libéral du Québec, on ne reçoit pas souvent des gens qui sont du milieu syndical à nos événements », a-t-il expliqué.
Le chef libéral s'est montré des plus virulents à l'endroit des journalistes de Radio-Canada à l'origine du reportage, Marie-Maude Denis et Alain Gravel.
« On ne va pas se raconter d'histoire entre nous-autres, l'insinuation qui est faite à Radio-Canada est très claire, on ne serait pas ici en train de se parler si ce n'était pas clair comme de l'eau de roche », a-t-il dit au journaliste d'un autre réseau qui lui demandait pourquoi il mettait en cause l'éthique journalistique.
Le chef libéral s'est demandé pourquoi la nouvelle sortait en pleine campagne électorale, trois ans après les faits.
En fin d'après-midi, le Parti libéral a affirmé que Jean Charest avait déjà prévu de s'adresser aux journalistes pour réagir aux allégations lancées en matinée par le candidat de la CAQ Jacques Duchesneau. L'ancien directeur de l'Unité anticollusion (UAC) soutenait, dans une entrevue accordée au Globe and Mail , que des ministres libéraux avaient participé à des activités de financement illégal.
Jean Charest n'y a cependant pas fait allusion.
Pauline Marois réclame des explications
Un peu plus tôt, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, a réclamé des explications au premier ministre. « Ce n'est pas normal qu'on stoppe une filature et c'est pour ça qu'il faut avoir des explications de la part de M. Charest », a-t-elle dit, très laconique, aux journalistes.
Jean Charest doit en outre préciser depuis combien de temps il entretient des liens avec cet ex-dirigeant de la FTQ-Construction, a ajouté la chef péquiste.
Option nationale réclame la reprise des travaux de la commission Charbonneau
Sur Twitter, le chef d'Option nationale, Jean-Martin Aussant, est pour sa part allé plus loin, réclamant la reprise des audiences de la commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction.
Québec solidaire estime aussi que Jean Charest doit des explications aux Québécois. « Le premier ministre doit s'expliquer : y a-t-il une directive de ne pas enquêter sur lui ou ses collaborateurs? » peut-on lire sur le compte Twitter du parti de Françoise David et d'Amir Khadir.
Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, réagira pour sa part aux informations révélées par Radio-Canada jeudi. Selon l'attaché de presse de la formation, Jean-François Del Torchio, ces révélations démontrent la pertinence de la commission Charbonneau. Elles illustrent pourquoi l'élection a été déclenchée avant la reprise des audiences, estime-t-il.
L'ex-ministre Jacques Dupuis se porte à la défense de son ancien patron
En entrevue à l'émission 24 heures en 60 minutes , l'ancien ministre de la Sécurité publique Jacques Dupuis, détenteur de ce portefeuille de 2005 à 2010, sous Jean Charest, a affirmé que le premier ministre avait « raison d'être outré » par le reportage de Radio-Canada. « On veut créer le doute dans l'esprit des citoyens », a-t-il accusé.
Sans remettre en question l'interruption de la filature, M. Dupuis a martelé qu'il n'y avait pas eu d'intervention politique auprès de la direction de la Sûreté du Québec. « Nous aurions été dénoncés immédiatement », a soutenu l'ex-ministre. « Nous n'intervenions pas dans les enquêtes, nous ne voulions pas savoir qui faisait l'objet d'une enquête », a-t-il assuré.
« Il y a un paquet de gens qui cherchent à s'approcher des politiciens, pour toutes sortes de raisons. Toutes sortes de gens s'approchent de tous les partis politiques, a dit Jacques Dupuis. C'est le métier de politicien de rencontrer des gens. Ce qui est important, c'est ce que nous on fait avec ces rencontres-là. »
Pour me joindre :
sophie-helene.lebeuf@radio-canada.ca
Suivre @shlebeuf Avec la collaboration de Marc-Antoine Ménard
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