Nombre total de pages vues

lundi 20 août 2012

Les promesses de Québec Solidaire tiennent-elles la route?

Par Jean-François Blanchette, MSN Finances, 20 août 2012 08:18
 
Le temps des élections québécoises est finalement arrivé et avec lui, son lot de promesses plus ou moins importantes. Comme à chaque fois que l'exercice démocratique prend place, plusieurs de ces promesses paraîtront farfelues et surtout économiquement non viables.




Voyons donc quelques-uns des éléments présents dans les plateformes des différents partis. Plus précisément, voyons les éléments qui touchent particulièrement les finances personnelles et la fiscalité. Je tiens toutefois à noter que ces commentaires ne visent pas les parties en général et leurs plateformes, mais plutôt des éléments bien précis. Cette semaine, voyons quelques éléments proposés par Québec Solidaire.
Québec Solidaire
Malgré l'extrême bonne volonté de Québec Solidaire, force est d'admettre que nombre de leurs promesses ne tiennent pas la route économiquement.
1- Taxer les riches.
Notre système fiscal progressif a déjà tendance à taxer les mieux nantis davantage que les autres. Par ailleurs, le taux marginal le plus élevé étant déjà fixé à 48,2 % il semble indécent de vouloir l'augmenter davantage. Or, ce que propose Québec Solidaire est entre autres, d'augmenter le taux marginal d'imposition des particuliers gagnant 150 000 $ à 31 % et à 35 % pour les revenus supérieurs à 250 000 $. En tenant compte de l'impôt fédéral, le taux marginal de ces particuliers grimperait donc à 55,2 % et à 59,2 %.
De plus, lorsque l'on parle des riches, il faudrait d'abord et avant tout distinguer les vrais riches, qui sont d'ailleurs très peu nombreux au Québec, des personnes simplement à l'aise. Dans certains cas, Québec Solidaire semble mettre la barre de la richesse à un niveau plutôt bas. Finalement, n'oublions pas que le fait de taxer davantage les mieux nantis aurait pour effet de réduire leurs possibilités d'investissement et par conséquent, leurs possibilités de fonder de nouvelles entreprises créatrices de richesse. La seule façon de rendre cette option viable serait de s'assurer que le gouvernement obtienne un meilleur rendement économique avec ces sommes supplémentaires, que les particuliers qu'il vient de taxer. Par les temps qui courent, on est en droit d'en douter.
2 - Taxer davantage les entreprises.
Encore une fois, cette option ne tient pas compte du fait que contrairement à l'imposition des particuliers, celle des sociétés se doit d'être compétitive, car avec la mondialisation, les sociétés deviennent de plus en plus mobiles. Ainsi, si une société québécoise peut économiser en déménageant ses activités en Ontario ou ailleurs, elle n'hésitera probablement pas à le faire.
Par ailleurs, il faut également tenir compte du fait que les entreprises québécoises sont celles, à travers toute l'Amérique du Nord, qui doivent respecter le plus de règles administratives et absorber les coûts de programme sociaux les plus élevés. Augmenter les impôts ne ferait que nuire davantage à leur compétitivité. Finalement, contrairement aux particuliers, les entreprises ont le grand avantage de pouvoir transférer leurs coûts à leurs clients. Ainsi, si on devait augmenter sensiblement l'impôt des sociétés, il y a fort à parier que ce sont les particuliers qui, au bout du compte, paieront la note.
3 - Créer une taxe sur le capital pour les institutions financières
Évidemment, cette option ne fait probablement pleurer personne. Paradoxalement, celle-ci, si elle est appliquée, risque d'avoir un effet final à l'opposé des visées de Québec Solidaire. En effet, si les institutions financières devaient payer plus d'impôts, elles risqueraient, à l'instar de bien d'autres sociétés, de refiler la facture à leur clientèle, via des augmentations de frais bancaires. Or, qui paie ces frais? Ceux qui ne maintiennent pas un solde minimum de quelques milliers de dollars dans leur compte, en l'occurrence, les plus pauvres, ceux-là mêmes que Québec Solidaire veut avantager.
S'il est vrai que le fait de taxer davantage les sociétés financières peut avoir des effets indésirables du côté des particuliers, il pourrait toutefois être à propos de faire une distinction ici entre les institutions financières et les sociétés de gestion. Si les premières peuvent facilement transférer certains coûts à leur clientèle, les seconds auront habituellement plus de difficulté à le faire et effectivement, il pourrait être possible d'aller chercher certaines sommes de ce côté.
Donc, d'un point de vue fiscal, les idées de Québec solidaire me paraissent quelque peu faciles et surtout, me semblent ne pas tenir compte des dommages collatéraux qu'elles peuvent engendrer. Le fait d'augmenter les impôts et taxes de tout un chacun peut fonctionner d'un point de vue idéologique, mais uniquement dans un contexte où les particuliers et les sociétés sont captifs de leur marché géographique. Autrement, ceux-ci auront tendance à fuir vers de cieux plus cléments, amenant avec eux leurs capitaux.
Selon moi, l'amélioration des finances de l'état passe beaucoup plus par un contrôle rigoureux des dépenses et un ménage dans certains programmes et structures, que dans l'augmentation des taxes et impôts.
*****
Vous avez une question pour notre chroniqueur? Vous voudriez qu'il aborde un sujet précis qui n'a pas encore été traité? Écrivez-lui à financesmsn@live.ca.
Les renseignements fournis dans cette chronique se veulent un guide général pour en apprendre davantage sur les différentes dispositions des lois fiscales ainsi que certaines stratégies et opportunités pour ce qui est des finances personnelles. Il n'est donc pas fait mention des petites formalités qui peuvent être propres à des cas en particulier. Il est toujours recommandé de faire appel à un comptable, un fiscaliste ou tout autre conseiller compétent afin d'obtenir des renseignements plus précis concernant votre situation.
MSN Finances se réserve le droit de ne pas fournir une réponse à toutes les questions qui sont soumises à ses collaborateurs. La sélection se fera par l'équipe de rédaction de MSN Finances. Par ailleurs, en posant une question, l'internaute autorise MSN Finances à utiliser son cas en guise d'exemple -- les noms et prénoms seront toutefois changés afin de préserver l'anonymat.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire